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FCFA-ECO, relations UE-Afrique ; nécessité d’une réadaptation

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Après une analyse succincte des effets de la pandémie du coronavirus sur les économies africaines et notamment sur la nécessité pour les autorités de revoir leur modèle de croissance pour les années à venir, le Professeur Kako Nubukpo revient sur “l’affaire FCFA“. L’économiste togolais et Doyen de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG) de l’Université de Lomé donne sa perception des relations entre l’Union Européenne et l’Afrique et explique les grands défis liés à l’adoption  de l’Eco.

Alors que la covid-19 a un impact considérable sur la croissance des pays, son analyse nous permet de mieux appréhender les réalités des relations économiques entre l’Afrique et les pays européens.

La crise sanitaire a indéniablement un impact sur les réformes monétaires et fiscales en cours à court terme dans les pays africains. Dans une interview accordée au média ineteconomics, l’économiste togolais parle des effets de la pandémie sur les politiques économiques et donne sa perception de la situation.

Durant la crise, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) rompt avec sa doctrine traditionnelle en injectant de la liquidité dans les économies, ce qui est une bonne chose en soit. En effet, selon Kako Nubukpo, cette crise a permis aux institutions monétaires et financières africaines de comprendre « qu’il ne s’agit pas tant d’essayer de suivre des dogmes conçus ailleurs pour d’autres économies notamment dans le monde occidental, que d’adapter les instruments dont nous disposons à nos propres contextes de décision ». En clair pour lui, nos banques centrales et nos banques de développement devraient être “beaucoup plus volontaristes  qu’elles  ne le sont“ et il est nécessaire qu’ils s’adaptent aux contextes africains.

Il termine cette partie de son interview en mettant un accent sur les difficultés pour les entrepreneurs africains d’avoir accès au crédit à des taux raisonnables. Une situation qui doit également être prise en compte par les banques pour soutenir les économies locales.

La question du FCFA aura longtemps été au centre des discussions économiques entre chercheurs, économistes et diplomates africains. Les polémiques liées à cette monnaie ont conduit la CEDEAO et les autorités françaises à s’accorder sur la nécessité de procéder au changement du nom de la monnaie CFA. Toutefois, cette décision ne réduit pas pour autant les polémiques.

Se prononçant sur le sujet, le spécialiste des questions monétaires souligne qu’il y a une dimension symbolique et politique qui renvoie au nom de la monnaie, puis une dimension économique qui concerne la neutralité ou la non-neutralité de la monnaie dans une économie.

Pour le premier aspect, il fait savoir : “le nom de votre monnaie renvoie à votre identité, ce n’est pas par hasard que les japonais ne comptent pas en Euro ou que les américains ne comptent pas en Yen“. La décision de changer le nom de cette monnaie est donc une très bonne chose. Mais en ce qui concerne la dimension économique, de nombreux problèmes se posent. La question des critères de convergences, le processus de transition monétaire,  le degré de solidarité indispensable pour le succès de l’union monétaire, le choix du régime de change pour la nouvelle monnaie…, autant de défis auxquels il faudra faire face pour réussir la transition monétaire du FCFA à l’ECO. Des défis auxquels le Professeur Kako Nubukpo donne des approches de solution résumées en quatre (04) scénarii très intéressants.

Il fait constater que « les décisions qui sont annoncées actuellement ne doivent pas être considérées comme des fins mais comme le début d’une ère au sein de laquelle les économistes, politistes, philosophes, historiens et géographes africains et au-delà africanistes, pourront aider les décideurs à mettre en place […] des schémas de prospérité partagée ». L’adoption d’une nouvelle monnaie sera donc un processus qui prendra du temps et sera amélioré au fur et à mesure.

Sur la question de l’avenir des relations UE-Afrique, Kako Nubukpo donne des explications concises. Il fait savoir que les relations entre l’Afrique et l’Union européenne ont longtemps été au profit de cette dernière. Et cette façon de fonctionner ne marche plus. « L’Union européenne ne devrait pas […] nous demander d’ouvrir notre marché quasiment sans conditions aux biens et services européens. Nous devons quitter le libre échange pour aller vers le juste échange », explique-t-il.

Nous sommes à une ère où les partenariats économiques devraient être « gagnant-gagnant ». Les partenaires doivent comprendre que  la production locale et la transformation sur place des matières premières doivent être encouragé en Afrique, “ce qui va créer des emplois sur place et réduire l’empreinte carbone des transactions liées à l’écoulement de ces produits“.

Logique dans ses propos, il fait ressortir que cela permettra de développer l’Afrique et donc de contribuer à la réduction des flux migratoires illégaux, « pour que la frange d’africains qui vont en Europe le fassent par choix de vie et non pour leur seule survie quotidienne. »

Kako Nubukpo organisera dans les prochains mois à l’Université de Lomé, un colloque intitulé ‘’Quelle monnaie pour quel développement en Afrique de l’Ouest ? ‘’.

Le Professeur Kako Nubukpo, homme politique togolais et macroéconomiste a travaillé à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest à Dakar et a été ministre de la Prospective et de l’évaluation des politiques publiques du Togo de 2013 à 2015.

Il occupe depuis avril 2019 le poste de Doyen de la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion (FASEG) de l’Université de Lomé. Il est également Directeur de l’Observatoire de l’Afrique Subsaharienne à la Fondation Jean Jaurès à Paris, Chercheur au Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD), Membre du Conseil Scientifique de l’Agence Française de Développement et Membre du Conseil d’Administration de la Fondation pour l’Agriculture et la Ruralité dans le Monde (FARM).

 

Eric GAGLI

 

www.independantexpress.net

 

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