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Togo-Autopsie 2015: Quels candidats pour quelle victoire ?

Sauf tremblement de terre, scénario catastrophique ou imprévu de dernières minutes, les Togolais se rendront aux urnes l’année prochaine, c’est-à-dire en 2015. A quelques mois de cette importante échéance qui aura lieu probablement en mars ou avril, les états majors des différents partis politiques se bousculent. Mieux, c’est dans ce contexte que de nouvelles formations politiques font leur entrée sur la scène. Le dernier en date est le Parti des Togolais, qui a tenu son congrès il y a un peu plus d’une semaine à Lomé. Mais la question ne se situe pas là, non. Elle se pose en terme de forces en présence à sept mois de la présidentielle et qui devraient se bousculer pour le fauteuil présidentiel ? Forces et faiblesses des probables futurs candidats au scrutin présidentiel de 2015 ! Analyse et décryptage. Dossier.

En 2010, ils étaient sept candidats. Faure Gnassingbé du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT) devenu UNIR,Brigitte Adjamagbo-Johnson de la Convention Démocratique des Peuples Africains (CDPA), Yawovi Agboyibo du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR), Jean-Pierre Fabre de l’Union des Forces de Changement (UFC), Bassabi Kagbara du Parti Démocratique Panafricain (PDP), Agbeyomé Kodjo de l’Organisation pour Bâtir dans l’Union un Togo Solidaire (OBUTS) et Nicolas Lawson du Parti du Renouveau et de la Rédemption (PRR).

Dans la foulée d’une élection contestée par l’opposition, c’est le chef de l’Etat sortant, Faure Gnassingbé, qui l’a emporté avec 60,92 % des voix, contre 33,94 % des suffrages à son principal adversaire, l’opposant Jean-Pierre Fabre.

Très loin derrière, Yawovi Agboyibo, arrivé troisième, s’en est sorti avec 2,96 % des voix. Quant aux quatre autres candidats, leur score n’a guère dépassé 1%, puisqu’il ils se sont repartis les 3% restants.

Cinq années après cette victoire de Faure Gnassingbé (victoire contestée durant presque tout son mandat par le Front Républicain pour l’Alternance et le Changement et le Collectif Sauvons le Togo), voilà le Togo qui s’apprête à organiser un nouveau scrutin présidentiel.

Avec quels acteurs cette fois-ci ? La question en vaut la peine.

Et pour cause, même si les acteurs politiques sont restés presque les mêmes durant ces dernières années, les mentalités ont tout de même évolué au niveau des différentes formations politiques ou du moins chez certaines d’entre elles, qui ne choisiront pas forcément ceux en qui ils ont placé leur confiance pour les représenter en 2010.

Mieux, d’autres partis politiques ont fait leur apparition sur la scène togolaise. Le dernier en date est le Parti des Togolais, qui a organisé son congrès il y a un peu plus d’une semaine, congrès au cours de laquelle cette formation a choisi son candidat pour 2015.

C’est osé pour un parti né seulement en Avril dernier. Toutefois, c’est la preuve que la bataille sera intéressante, même si certains partisans de la majorité au pouvoir estiment qu’il n’y a pas d’adversaire capable de se mesurer au leur. Qui seront les probables futurs candidats à cette élection ? Découverte de leurs atouts et handicaps.

Faure Essozinam Gnassingbé, candidat sortant

Sauf coup de tonnerre, c’est bien Faure Gnassingbé qui sera le candidat d’UNIR (Union pour la République) au prochain scrutin présidentiel.

C’est d’ailleurs pour lui ouvrir la voix à un troisième mandat que les députés de la majorité ont, dans un coup de théâtre spectaculaire refusé et rejeté le projet de loi sur la limitation du mandat.

Il ne fait aucun doute que Faure se présentera de nouveau. Mais ça, on le sait déjà. C’est un secret de polichinelle même si l’annonce n’est pas encore officielle.

Ce qu’on ne cerne pas totalement, c’est le bilan avec lequel il se présentera pour espérer que les Togolais lui refassent confiance. Difficile de dire aux militants de la majorité que le bilan de leur patron est négatif. Ils sont prêts à prouver le contraire.

Bilan flatteur ?

Sur le plan économique, les partisans du pouvoir estiment que le Togo ne s’est jamais aussi bien porté en ce qui concerne ce secteur.

Le pays a renoué avec la croissance, de manière soutenue, avec un taux de 5,6 % en 2013 et de 6 % prévu à la fin de 2014.

L’État s’attelle à la reconstruction du pays et beaucoup d’efforts sont faits, notamment en matière d’infrastructures et pour améliorer les conditions de vie des Togolais.

Par ailleurs, fait savoir Arthème Ahoomey-Zunu, Premier ministre togolais, le gouvernement mène des discussions avec les syndicats et propose des mesures pour améliorer les conditions de travail de ses agents.

En ce qui concerne les réformes demandées par les bailleurs de fonds, beaucoup de travail ont été fait en ce sens, disent les proches du pouvoir.

« Nous avons beaucoup travaillé en ce sens. Les bailleurs souhaitaient notamment que nous revoyions notre politique de subvention des produits pétroliers. L’État a supprimé certaines taxes pour équilibrer la structure des prix », fait savoir M. Ahoomey-Zunu qui conclut : « Après quatorze années de rupture, la coopération internationale a repris et, aujourd’hui, nous remontons la pente grâce aux réformes, qui, entreprises depuis 2006, commencent à porter leurs fruits… »

Le Premier ministre togolais clame par ailleurs que les améliorations les plus notables sont la réforme des régies financières, avec la mise en place de l’OTR (Office Togolaise des Recettes) et celle du secteur minier avec l’adhésion du Togo à l’ITIE (Initiative pour la transparence dans les industries extractives).

Quant au point concernant l’action gouvernementale, il est une satisfaction totale selon les tenants du pouvoir.

 Le gouvernement, dit son chef, s’est beaucoup rapproché des populations. Il a évolué vers un développement centré sur l’homme, gage d’une meilleure inclusion de la croissance et d’une meilleure redistribution des revenus.

Le gouvernement est par ailleurs entré dans une démarche prospective à l’horizon 2030, sondant la population sur ses aspirations. A cela, s’ajoutent les résultats obtenus grâce à des documents de planification tels que le DSRP-C (Document complet de stratégie de réduction de la pauvreté) et la Scape (Stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi).

Le pouvoir brandit également dans son bilan la mise en place du Fonds national de la finance inclusive (FNFI), un établissement à capitaux publics qui a pour mission de rendre accessibles les services financiers aux populations généralement exclues des services financiers classiques. A cela s’ajoute le développement des infrastructures routières et la décrispation de l’atmosphère politique. « A l’heure même où plusieurs chefs d’État du continent s’apprêtent à modifier leurs lois fondamentales pour s’accrocher quelques années de plus au pouvoir, Faure Gnassingbé œuvre de son côté pour la limitation du mandat présidentiel. C’est tout à fait remarquable de sa part », fait savoir un militant d’UNIR.

Mais à coté de ce bilan flatteur, constamment dénoncé par les militants de l’opposition, beaucoup de choses sont également reprochés au pouvoir de Lomé et pourront constituer un sérieux handicap pour Faure en 2015.

Parmi elles : le refus d’opérer les réformes constitutionnelles et institutionnelles en profondeur ou pas du tout ; l’administration non représentative de la pluralité ethnique du pays ; la mauvaise gestion des deniers public, avec son corollaire que sont les détournements de fonds ; l’impunité ; l’instrumentalisation de la justice togolaise ; la persistance de nombreux problèmes sur le plan social.

A cela, s’ajoute le chômage des jeunes, estimé à 8,1 %, et le sous-emploi, qui affecte 20,5 % de la population active. Selon les statistiques, 3500 jeunes de niveau scolaire supérieur ou en fin d’études secondaires sont en recherche d’emploi, alors que seuls 1050 emplois qualifiés sont disponibles.

Tout cela, sans oublier les soupçons de fraude qui ont suivi la dernière présidentielle que  Faure Gnassingbé a remporté avec près de 61% des voix.

Si les observateurs internationaux ont jugé le processus électoral équilibré, ils ont toutefois émis des réserves par rapport à la fiabilité des résultats annoncés par la commission électorale, après la mise en panne du système de transmission des résultats par satellite.

Le camp de Jean-Pierre Fabre contesta les résultats annoncés et organisa des manifestations hebdomadaires chaque samedi pour réclamer sa « victoire volée ».

Faure pourra-t-il faire mieux ou, au pire, faire comme en 2010 ? Wait and see.

La frustration chez des marginalisés

Quoiqu’on dise, Faure Gnassingbé traîne les frustrations nées de la marginalisation de Pascal Bodjona et de Kpatcha Gnassingbé comme un boulet. Au centre du pouvoir et très proche du Chef de l’Etat l’ancien Ministre d’Etat et porte-parole du gouvernement a été mis en disgrâce dans une affaire d’escroquerie. Aujourd’hui, les contradictions judiciaires dans de dossier ont créé un climat délétère autour de la question, amenant des sympathisants à mener des actions publiques pour contraindre le pouvoir  à lâcher prise. Ailleurs, la détention en prison de Kpatcha Gnassingbé dans une histoire sans fin de coup d’Etat affecte sérieusement les milieux politiques du pouvoir. Et il n’est pas exclut que des contestations de proches de l’ethnie et de la famille jouent négativement contre Faure Gnassingbé.

Jean-Pierre Fabre

 Difficile d’imaginer la prochaine présidentielle sans lui. Jean-Pierre Fabre, Fo Pi pour ses intimes, sera à n’en point douter l’adversaire le plus à craindre pour le président sortant, Faure Gnassingbé. C’est d’ailleurs le candidat naturel de l’opposition.

Arrivée en seconde position en 2010 avec33,94 % des suffrages, l’ancien secrétaire général de l’UFC n’a jamais reconnu ce score à lui attribué par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) de Taffa Tabiou.

Pour Fabre, qui estime avoir été le véritable vainqueur de ce scrutin, ce résultat n’a jamais reflété la vérité des urnes.

Il reproche au pouvoir de Lomé d’avoir délibérément mis en panne le système de transmission des résultats par satellite (VSAT) et d’avoir bâclé le processus pré-électoral : Pannes répétées des groupes électrogènes ralentissant les opérations de saisie ; défaillances fréquentes des Kits de recensement, réduction délibérée de la durée du temps de travail de révision ; gonflement de la liste électorale ; inscriptions multiples organisées d’une zone de recensement à une autre ; inscription d’étrangers et de mineurs ; disparition de matériels de recensement ; modification par le gouvernement des règles du jeu électoral, par la création de nouveaux bureaux de vote inconnus des acteurs politiques, voilà autant de dysfonctionnements sur lesquels s’était basé le candidat de l’UFC d’alors pour contester la réélection de Faure Gnassingbé.

Une contestation qui a duré presque tout le long du second mandat du chef de l’Etat et qui réunit des centaines de milliers de militants de l’opposition dans les rues de Lomé tous les samedis.

Le principal atout de Jean-Pierre Fabre en 2015 sera la dynamique populaire née de la création de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) il y a quatre ans.

Créé à la suite de la décision unilatérale de Gilchrist Olympio de rejoindre le pouvoir sans le consentement des membres exécutifs de l’UFC, ce parti a fait ses preuves sur le terrain et a démontré qu’il reste la première force de l’opposition togolaise. Les dernières élections législatives en sont une preuve palpable, même si l’ANC y a participé sous la houlette du Collectif Sauvons le Togo (CST).

Parlant justement du CST, ce collectif sera l’autre atout de Monsieur Fabre, surtout quand on sait qu’il a en son sein des formations qui ne sont certes pas des poids lourds de l’opposition, mais qui peuvent titiller le pouvoir dans les zones qu’il considère comme ses fiefs.

L’ADDI du Professeur Aimé Gogué l’a si bien démontré lors des législatives, en remportant deux sièges dans le nord du pays.

Mais Jean-Pierre Fabre a aussi des handicaps.

S’il peut se vanter d’avoir la capitale, Lomé, et certaines régions du sud dans sa poche, l’électorat du nord du pays est par contre loin d’être acquis, vu que le régime n’entend laisser de terrain à aucun parti, encore moins de l’opposition, dans la partie septentrionale du Togo. Ne pas mettre un accent particulier sur cet aspect pourrait réduire considérablement ses voix en 2015. Mais une tournée menée depuis près de 6 mois du leader de l’ANC dans cette partie du pays permet de s’installer sur les cendres de l’UFC que Gilchrist  Olympio a laissé.

Il est aussi reproché au probable futur candidat de l’ANC une certaine suffisance, surtout dans ses propos. Sa sortie médiatique sur Radio France Internationale il y a quelques semaines en est la preuve palpable. A la question de savoir s’il sera le candidat unique de l’opposition, le président national de l’ANC n’a pas été mesuré dans sa réponse : « Etant le chef du parti le plus populaire de l’opposition, je peux dire, sans frustrer qui que ce soit, que je suis le candidat naturel de l’opposition ». Même si Fabre n’a pas tort, de l’avis de certains observateurs de la scène politique togolaise, il faut avouer que de tels propos ne sont pas de nature à baliser la voie aux discussions visant à choisir le candidat unique de l’opposition. Seulement ses détracteurs oublient que Fabre est tout simplement logique ; On ne peut  pas être le responsable du plus grand parti et se mettre sous la houlette d’un petit leader. Pas du tout logique.

Kofi Yamgnane

Alors que les Togolais, du moins dans leur majorité, l’ont complètement oublié, le voilà qui refait son apparition il y a quelques semaines. Comme un cheveu sur la soupe, Kofi Yamgnane annonce son grand coming-back.

Privé à tort ou à raison de la présidentielle de 2010, celui que d’aucuns qualifient de « Pangloss moderne » a bel et bien l’intention de se présenter à celle de 2015.

« Le pouvoir s’évertue à semer toutes sortes d’embûches sur mon chemin mais je ne me laisserai pas distraire par aucune de ses tentatives d’intimidation. Cette fois, la trouvaille est le refus de mettre mon certificat de nationalité en conformité avec mon nouvel acte de naissance », a confié le président de Sursaut-Togo dans un entretien. Voilà qui a le mérite d’être clair: Le scénario « ridicule » d’il y a 4 ans et demi ne sera pas un frein à la volonté de Kofi Yamgnane d’affronter Faure Gnassingbé dans les urnes en mars ou avril prochain.

Sera-t-il autorisé à y aller ou pas ? La question ne se situe pas à ce niveau.

La véritable ou réelle interrogation est de savoir ce que vaut en réalité Monsieur Yamgnane sur l’échiquier politique togolais. Certes, le Franco-togolais pourrait arracher quelques voix à UNIR dans son Bassar natal. Mais il n’en fera pas plus.

En effet, si certains Togolais avaient cru en Yamgnane à son retour au Togo quelques mois avant le scrutin de 2010, ils ont vite fait de déchanter.

Ecarté par le pouvoir, le président de Sursaut-Togo n’a même pas daigné rester au pays pour mener la lutte avec l’opposition en vue de faire éclore la vérité des urnes.

Il est rentré au bercail (la France) pour vivre sa belle vie, en attendant de nouvelles occasions pour poursuivre le folklore, suscitant la colère des Togolais.

Aujourd’hui, il revient et  affirme se préparer à « entrer en campagne avec un projet de société pour le Togo et un programme de gouvernement, deux projets qui seront présentés le moment venu ».

Pour dire quoi cette fois-ci aux Togolais ? Venir servir les mêmes discours que ceux qu’on lui connaît ? Et après ça, retourner dans son pays la France, loin des réalités togolaises pour enfin revenir à la veille des échéances électorales pour se présenter comme le sang neuf, l’homme du renouveau ? Même rengaine.

 

L’autre faiblesse de l’ancien ministre de François Mitterrand est sans doute sa tendance à critiquer vertement ses camarades de l’opposition. Dans un entretien accordé à un journal de la place, Kofi Yamgnane à laissé entendre que l’opposition est heureuse dans son statut et des avantages qu’elle en tire. Ce qui l’amène à s’interroger: « Sinon comment comprendre qu’au lieu de faire de la politique, c’est-à dire travailler sur des projets de développement du pays et d’amélioration du sort des populations, tous ne se contentent que de faire de la diversion ? ».

Cette sortie de Kofi Yamgnane, même si c’est son droit le plus absolu, pose un petit problème: celui de l’unicité de la candidature de l’opposition, une équation déjà très difficile à résoudre. Si dans le fond, les critiques formulées par Yamgnane à l’endroit de l’opposition semblent fondées (une opposition toujours à la recherche de stratégies communes susceptibles de contourner les mécanismes mis en place par le régime pour s’éterniser au pouvoir), cette annonce apparaît comme un facteur d’affaiblissement de l’opposition. Et surtout que cela vient d’un homme qui s’appelle Kofi Yamgnane, on a bien envie de dire que les mêmes causes produiront encore les mêmes effets.

Alberto Olympio

Ce nom pourrait peut-être ne rien dire. Point n’est de s’en offusquer. C’est celui du dernier venu en politique au Togo.

Né en 1966 à Lomé au Togo, Alberto Olympio a construit sa réussite professionnelle en Europe, aux Etats-Unis, puis en Afrique dans l’industrie des technologies des Systèmes d’Information, peut-on lire sur le site internet de sa formation politique.

Après des études au Togo, puis en France où il sera diplômé de l’Ecole supérieure d’informatique de Paris, il évoluera en Europe et aux Etats-Unis dans de grands groupes. Désireux de revenir en Afrique  et de lancer sa propre activité il se perfectionne dans la gestion des affaires et crée par la suite sa propre société dénommée AXXEND qui intervient sur plus de 15 pays africains et connait une croissance exponentielle saluée par l’obtention de plusieurs prix internationaux.

Alberto Olympio va par la suite confier sa société à ses collaborateurs et s’investir pleinement  sur le champ politique.

Depuis 2013, Il s’est donc installé à Lomé et a porté son parti politique, le « Parti des Togolais », sur les fonts baptismaux en Mars 2014. Une formation qui vient s’ajouter à la centaine que compte déjà le petit Togo.

Le Parti des Togolais a organisé son congrès il y a un peu plus d’une semaine à Lomé. Un congrès au cours duquel Alberto Olympio a été désigné pour la présidentielle de 2015.

Ce technocrate qui, dit-on, serait très fortuné, a d’énormes ambitions pour le Togo. « L’une de mes priorités est de faire en sorte que tous les Togolais mangent à leur faim. Je vais maintenir au plus bas les prix des produits de première nécessité (…) Nous allons rebâtir notre beau pays sans laisser personne au bord de la route en mettant en place un environnement des affaires attractifs, les investisseurs viendront au Togo qui aura un gouvernement transparent. L’administration sera modernisée grâce aux nouvelles technologies pour servir les Togolais et lutter contre la corruption. La bonne gouvernance sera le socle de l’Etat », a promis Alberto Olympio dans le discours tenu au cours du congrès de son parti.

Justice et Indépendance au service de chaque citoyen, des institutions fortes et un Etat de droit, une armée bien formée au service du Togo, une refonte de l’administration publique qui sera modernisée pour permettre d’engager une véritable décentralisation à la fois territoriale et fonctionnelle, voilà quelques unes des ambitions du fils de la lignée des Olympio.

Bref, pour le patron du Partis des Togolais, dans un pays qui n’a pas connu d’alternance politique  depuis 1963, la volonté est simple mais  profonde et sincère : 2015 sera l’année du changement  pour le TOGO et c’est inéluctable.

Ambitions sans doute légitimes pour ce monsieur qui entend mettre son savoir-faire au service de son pays. Mais la question est de savoir si M. Olympio pourra parvenir à arracher le pouvoir au clan Faure Gnassingbé. Pas évident du tout, même s’il se dit certain d’y parvenir. Et pourquoi ?

L’enracinement du pouvoir

D’abord, le régime qui dirige le pays depuis Plus de 50 ans n’a aucune envie de laisser le pouvoir. Il considère donc toute personne qui essaie de le lui arracher comme un ennemi à abattre. Alberto Olympio, dit-on, a les moyens matériels et financiers pouvant lui permettre d’affronter le pouvoir au cours d’une élection.

Mais lui laissera-t-on la liberté pour y parvenir ?

A peine arrivé sur le champ politique de son pays, Alberto Olympio subit déjà quelques foudres du régime. Alors qu’il voulait organiser un grand concert gratuit à l’intention de la jeunesse le 27 avril dernier, son show a été interdit à la dernière minute sans raisons valables. Et que dire de la coupure délibérée de courant dont son parti a été victime au stade de Kégué alors qu’il y clôturait son congrès par un grand concert ? Un concert qui, d’ailleurs, n’a pas connu la réussite qu’il fallait tout simplement parce qu’un contre-concert a été organisé au stade omnisport pour éviter que les Loméens n’affluent à Kégué.

Ensuite, le Parti des Togolais n’a vu le jour qu’en avril dernier.

Dernier née des partis politiques de l’opposition, pourra-t-il réussir là où l’ANC, l’UFC d’antan, le CAR ou encore la CDPA ont échoué ?

A cela s’ajoutent le facteur lié au patronyme que porte le président du Parti des Togolais : Olympio.

Trahis par Gilchrist Olympio, les Togolais sont-ils prêts à redonner leur confiance à un politicien venant de la même famille ? Nombreux sont les militants de l’opposition qui se posent d’ores et déjà des questions sur les réelles intentions d’Alberto Olympio.

Certains se demandent même si ce n’est pas Gilchrist qui l’a fait venir pour émietter les voix de l’opposition. Autant de facteurs qui ne militeront pas en sa faveur. Mais le parti et ses responsables sont sûrs de leurs potentialités : «  nous allons redistribuer les cartes politiques et en tirer la substance, nous allons remporter l’élection présidentielle », a déclaré Nataniel Olympio, le frère à tout faire d’Alberto qui est convaincu. Une candidature de poigne, sans doute.

Me Dodji Apévon

Successeur de Me Yawovi Agboyibo depuis que ce dernier a quitté la tête du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR), Me Dodji Apevon à le vent en poupe.

En 2015, ce serait lui qui représentera non seulement le CAR, mais aussi toute la Coalition Arc-en-ciel au scrutin présidentiel, si l’ensemble de l’opposition n’arrive pas à dégager un candidat unique.

En effet, les partis politiques regroupés au sein de la Coalition ont choisi la semaine dernière Me Apevon comme leur candidat Unique. Le président du  CAR estarrivé en tête de trois autres concurrents dans le cadre d’une primaire. Brigitte Adjamagbo-Johnson de la CDPA, Bassabi Kagbara du PDP et Me Tchassona Traoré du Mouvement des Centristes pour le Développement (MCD) étaient également en lice. Me Apevon est arrivé en tête avec 20 voix, suivi d’Adjamagbo-Johnson qui en a obtenu 19.

Le patron du CAR dispose de tous les atouts pour être un bon candidat. Opposant convaincu, il n’a pas la langue dans sa poche quand il s’agit de dénoncer les dérives du régime Faure Gnassingbé.

Mais son obstacle principal vient de sa propre maison et n’est autre que le président d’honneur du CAR, Yawovi Agboyibo.

En dépit de son retrait de la tête du parti, l’ombre du Bélier noir a toujours plané sur toutes les décisions de cette formation politique.

Considéré comme trop radical, proche de l’Alliance Nationale pour le changement et favorable aux actions de pressions exercées sur le pouvoir, Dodji Apevon n’a jamais été bien vu par son mentor, plus tendre avec le régime de Lomé.

En avril 2012, les divergences entre les deux hommes étaient telles qu’un congrès extraordinaire a failli être organisé pour débarquer Apevon de la tête du parti.

Un congrès savamment planifié par le président d’honneur, dans le but de le remplacer par Jean Kissi, plus proche de lui. Heureusement que cette idée a finalement été abandonnée. Sinon, elle aurait pu engendrer l’implosion du parti. On reproche par ailleurs à l’avocat de Vo, de n’être pas très charismatique, trop attaché à son métier d’avocat. Sa candidature qui n’a pas déjà des chances internes d’être acceptées souffrirait sans doute  de critiques qui viendraient s’ajouter à celles déjà orchestrées en interne. Pas très conseillé.

Agbéyomé Kodjo

Son score à la dernière présidentielle n’était pas des plus reluisants. Normal, Agbéyomé venait à peine de faire son entrée sur la scène politique togolaise, en tant qu’opposant au régime RPT.

Il s’est donc contenté de partager 3% des voix avec Adjamagbo-Johnson, Bassabi Kagbara et Nicolas Lawson.

Deux ans plus tôt, il a crée son parti, OBUTS. Un parti qui, selon l’ancien Premier ministre de Gnassingbé Eyadéma, se démarque totalement des méthodes du régime incarné par Faure Gnassingbé. C’est ainsi qu’Agbéyomé Kodjo a rejoint Jean-Pierre Fabre dans son élan de contestation des résultats du scrutin de 2010, battant le pavé avec ce dernier toutes les semaines.

Plus tard, c’est dans le CST que se retrouvera l’ancien président de l’Assemblée nationale. Non sans de petites querelles d’idée et de leadership.

Aujourd’hui, OBUTS se retrouve carrément hors du Collectif.

Et ce serait l’une des faiblesses d’Agbéyomé Kodjo s’il choisit d’être candidat en 2015.

Mais encore faut-il qu’il se présente, puisque ses détracteurs disent de lui qu’il serait presque ruiné et sans argent, pour oser se lancer de nouveau dans une telle aventure.

D’ailleurs, les réalités semblent donner raison à ceux qui pensent qu’Agbéyomé n’a plus les moyens. A quelques mois de cette échéance, c’est à peine qu’on sent qu’OBUTS existe. Pas de meetings ni de mobilisation au niveau des militants. Mais ailleurs, ce silence n’est pas selon les informations un manque de moyens mais plutôt une stratégie de silence concédée au pouvoir UNIR a qui l’homme de Yoto a promis de faire tout doux.

En somme, l’ancien bras droit d’Eyadéma est loin, très loin de pouvoir améliorer son score de 2010.

Il ne peut en être autrement quand on sait que sa formation n’a pas été en mesure d’obtenir un seul député dans son Yoto natal lors des législatives de l’an dernier.

Ajouté à son clash avec le CST en général et l’ANC en particulier, ainsi qu’aux douloureux souvenirs des tueries de Fréau jardin en 1993, il y a de quoi conclure qu’Agbéyomé Kodjo est plutôt mal barré.

Nicolas Lawson

Pour avoir émis l’idée de transformer le Togo en Singapour en seulement quelques années, Nicolas Lawson a fini par avoir le nom de « beau parleur » ou encore « démagogue », tellement sa vision et ses projets pour le Togo sont considérés par certains comme utopiques.

Candidat lors de la dernière présidentielle, le président du PRR s’en est sorti avec un score plutôt minable. Ces dernières années, sa formation a été presque absente de la scène politique et n’a même pas participé aux législatives de 2013.

Raisons évoquées, manque de moyens. Autant dire qu’il sera difficile à Nicolas Lawson de participer à la prochaine présidentielle. Mais l’homme, s’il se donnait encore plus de tempérance, pourrait se mettre au devant de la scène face aux autres candidats qu’il surpasse largement en compétences et argumentations politiques et économiques. Nicolas Lawson est presque l’un des seuls leaders politiques  à nourrir des rêves pour le pays. Seulement il reste un peu d’ordre pour le leader du PRR. Pas pour 2015. Plus tard, c’est mieux. Nicolas Lawson nourrit de l’espoir.

Ce tableau politique est loin d’être un pronostic mais exprime le profil des candidatures et en appelle à la responsabilité politique à la veille de l’élection présidentielle de 2015.

Des évolutions pourraient être enregistrées avant les élections, de changements pourraient être opérés, tout dépend du contexte et de l’évolution de la situation politique.

Isaac Mawuvi et Alfredo Philomena

 

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