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Togo : Elections toxiques, résultats factices

Enfin elles ont finalement eu lieu le dimanche 30 juin 2019. Les premières élections locales après celles de 1987 au Togo. Ceci est donc l’aboutissement d’un processus de décentralisation engagé depuis maintenant plusieurs années. Elles devront  permettent le renforcement de la démocratie à la base. Mais ces élections ne sont pas  sans irrégularités. Des urnes bourrées, des procès verbaux signés d’avance, les délégués de l’opposition interdit d’accès aux bureaux de votes, des observateurs empêchés de travailler, le tout couronné par une impréparation notoire de la Commission Electorale Nationale Indépendante. Une élection si on n’abuse,  toxique pour la démocratie… 

 

Jour de vote le dimanche 30 juin 2019 au Togo, c’est donc fini avec l’époque des délégations spéciales. Les togolais étaient plus de 3,4 millions à se rendre aux urnes pour élire 1527 conseillers municipaux.  C’est donc après que ces conseillers voteront pour choisir les 117 maires ainsi que leurs adjoints qui occuperont  les 117 communes que compte désormais le Togo.

Le président de la Commission en charge d’organiser les élections Tchambakou Ayassor parle d’un taux de participation  qui serait autour de 60 à 65 %. Il  a entre autre salué ce qu’il appelle la maturité politique de l’ensemble des acteurs impliqués dans ce processus électoral ainsi que l’engouement des populations pour le processus qui n’a pas eu lieu depuis 32 ans.  C’est la même chanson, après chaque consultation électorale émaillée de fraudes et d’irrégularités. Les chiffres en matière de taux de participation et autres résultats ont toujours souffert de crédibilité.

Au niveau de l’exécutif on parle de l’enracinement de la démocratie au Togo. « Les élections municipales de ce jour auxquelles je vous exhorte à participer massivement, pour un choix libre, parachèvent un long processus de décentralisation mené avec rigueur et marquent une avancée majeure dans l’enracinement de la démocratie sur notre Denyigban », a twitté en guise de soulagement pour avoir échappé à une révolution populaire,  Faure Gnassingbé.

Mais au delà  des beaux discours autour de ces élections, le scrutin et comme pour les précédents d’ailleurs, est émaillé d’irrégularités. Bourrage d’urnes, procès verbaux signés d’avance, délégués de l’opposition interdit d’accès aux bureaux de votes, avec une CENI médiocre. Bref un véritable cocktail d’actes de fraudes digne d’une dictature basée sur la force, la violence ou encore le vol.

Elections toxiques…

Plus que l’arsenic ou l’Abamectine, qui sont toxiques, nocifs, il est passible d’ajouter pour la démocratie togolaise les élections locales comme toxiques pour plusieurs raisons :

D’abord, le rejet de certaines listes  de candidats à l’instar de la liste ‘’Ensemble pour le Togo’’ de l’ancien ministre et porte parole du gouvernement Pascal Bodjona ou encore celle de l’ANC pilotée par le secrétaire national chargé à la communication du parti dans  le Golfe 2 pour les élections locales présageait un avenir douteux quant à l’issue de ce scrutin.

Passant par-dessus les autres couacs signalés ci et là dans le processus avant le vote, il est tout de même important de signaler que le vote des corps habillés dans la commune de Zio n’a pas eu lieu. Et la cause, les bulletins de vote destinés à cette commune sont plutôt curieusement amenés à Niamtougou.

Ils ne sont arrivés que le lendemain 29 juin. Et c’est justement ce 29 juin que  la vague des cafouillages et des irrégularités a commencé avec un communiqué  de la commission électorale  nationale indépendante annonçant l’annulation du vote dans les communes de l’Avé 2 et Bassar 4. L’institution de  Tchambakou Ayassor doigte les problèmes techniques  pour justifier son communiqué. ‘’Le président de la CENI rassure  les populations, les candidats et les différents acteurs que tout sera mis en œuvre pour l’organisation prochaine du vote dans ces communes’’, peut on lire dans le communiqué. Mais  quand ? C’est la question que l’opinion se pose.

Empêcher ces OSC d’observer les fraudes…

D’un communiqué à un autre, celui-ci porte la signature du ministre Payadowa Boukpessi de l’administration territoriale.  Répondant à la demande d’accréditation des trois organisations pour l’observation des élections du 30 juin notamment la Concertation Nationale de la Société Civile (CNSC), l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture au Togo (ACAT-Togo) et la Commission Épiscopale Nationale Justice et Paix (CENJP),  Payadowa BOUKPESSI, a tout simplement décidé que ces OSC n’observeront pas les élections locales. ‘’ Au-delà du doute sur leurs sources de financement qui permettent à ces associations de mobiliser à elles seules cinq mille cinq cents observateurs, il convient de rappeler que les dirigeants des dites associations ont toujours affiché une position partisane au cours des débats sur différentes questions d’intérêt national’’, signe Payadouwa Boukpessi pour justifier son acte. Il va plus loin en écrivant que ‘’ En ce sens, ils ne sont pas neutres, qualité requise pour être observateurs des élections ‘’

Jour du vote,  la grande pagaille…

Tout d’abord, les bureaux de vote n’ont pas ouvert à 7h00 tel qu’indiqué dans le  communiqué de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Pour exemple, on ne prend que l’Ecole primaire publique d’Adakpamé et celle d’Akodésséwa, où  les électeurs ont dû attendre des minutes  avant l’ouverture des bureaux de vote.  Mais cela ne gène plus personne puisque c’est la spécialité au Togo.

Selon les confrères du site Icilomé, même si certains ont eu la chance de voir leurs noms sur les listes électorales, tel n’était pas le cas partout. « On ne comprend pas comment ils ont fait les listes. Normalement, elles se font par ordre alphabétique, ce qui facilite la tâche aux électeurs. On se rend compte ce matin qu’ils ont tout mélangé. On peut avoir un bureau de vote sur la carte et ne pas retrouver son nom que dans un autre bureau de vote. Il arrive que les gens retrouvent leur nom dans d’autres centres carrément. Ce n’est pas encourageant », s’est plaint Koffi G., rencontré à l’EPP d’Adakpamé.

Une situation qui dépasse même les chefs centres qui ne sont pas capables de situer les électeurs qui se perdent dans ces listes. « Nous avons constaté que ce sont les affichages lors du recensement électoral qui sont toujours là. Ils ne les ont pas remplacés », a-t-il ajouté.

« Nous avons pris un peu de retard ce matin dans le démarrage du vote. Les salles de classe n’ont pas été vite ouvertes. Nous avons constaté aussi que les kits ne sont pas au complet. On a fait appel à la CENI, mais ils nous demandent de venir chercher les matériels au siège. On ne sait par quel moyen nous irons les chercher. C’est plutôt eux qui devront nous les apporter ici », a confié Maglo Kaglo Koffi, Chef centre de l’Ecole primaire catholique d’Adakpamé.

Ailleurs, dans d’autres bureaux de vote, dans d’autres communes, il est constaté des bourrages d’urnes notamment dans la commune de Baguida. Dans Zio 1 par exemple, notre source informe que ces bourrages d’urnes ont été fait avec la complicité des membres  et des rapporteurs des 280  bureaux de vote.  Ce qui explique un écart considérable entre le nombre d’inscrit et le nombre de votant. Et selon un communiqué de la C14, la même situation s’est présentée à Olesè 2. Les auteurs de bourrage dans cette localité sont à la brigade territoriale d’Atakpamé.

Dans Golfe 4 et ailleurs aussi à Assomé dans le Zio 1,  ce sont plutôt des procès verbaux signé d’avance qui sont découverts. Ailleurs encore, ce sont les délégués qui sont interdit d’accès aux bureaux de vote malgré leurs mandats.

Autant d’irrégularités constatés et dénoncé ça et là qui entachent une fois de plus la crédibilité des élections au Togo.

Pour respecter la coutume électorale, un groupe d’activistes du Mouvement Nubuéké et de Togo debout a été arrêté dans la soirée du vote, alors qu’ils revenaient de la veille électorale, une veille citoyenne. Organiser des élections sans arrestations et détentions, sans brimades, n’est pas dans le comportement des autorités togolaises. Au dernières nouvelles, les avocats annoncent qu’ils ont été libérés après les instructions du Procureur de la République.

Certes la Commission Electorale Nationale Indépendante n’a pas encore donné des chiffres officiels en terme de résultats, mais les chiffres à dispositions des différents états majors des partis politiques et autres ayant pris part au scrutin donnent déjà un aperçu sur les résultats finales.

La décentralisation est une bonne chose. Car elle permet de donner le pouvoir à la base, à la population afin que celle-ci puisse en jouir dans son intérêt et dans l‘intérêt du pays. Il est conseillé d’aller à des élections locales. Mais pas à n’importe quel prix. Une fois encore le pouvoir de Lomé a encore foncé et organisé des élections dans le cafouillage total.

Des situations qui n’augurent point un avenir clair pour le pays. Selon certains analystes politiques,    le pouvoir des Gnassingbé pousse les togolais sur un terrain dangereux puisque les présidentielles c’est dans quelques mois.

Richard AZIAGUE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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