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Togo/Faure et son 4ème mandat : à défaut de la France, la Russie

Le Togo, tout comme 39 autres pays d’Afrique a participé du 22 au 24 Octobre dernier au sommet Russie Afrique tenue à Sotchi. Ce sommet continue de parler de lui, suscite des réactions et des réflexions. C’est vrai que pour un nombre important de Togolais, ce sommet est comme tous les autres sans incidences ni retombés directes sur les populations. Oui cela peut être une évidence, mais pour des analystes politiques, le sommet de Sotchi risque d’avoir des conséquences politiques très grave sur le Togo. Le 4ème  mandat de Faure Gnassingbé pourrait être gravement négocié là-bas.

En organisant son premier sommet avec l’Afrique, Moscou met en avant  la coopération militaire et de défense. Pour des experts, Moscou de Poutine se pose en défenseur de la stabilité du continent, en proie à des mouvements de contestation et au terrorisme. Ce sommet qui, durant deux (2) jours, a réuni plus d’une quarantaine de chefs d’État africains est un pari gagné par Vladimir Poutine. Le pari selon lequel,  marquer le retour en force de l’ancienne puissance communiste sur le continent africain.  Selon les conclusions issues de la rencontre, le président russe a promis de doubler dans les cinq ans à venir les échanges commerciaux avec l’Afrique. En 2018, ceux-ci ont été évalués à 17 milliards de dollars, bien loin des échanges commerciaux avec l’Europe (275 milliards de dollars) et avec la Chine (200 milliards de dollars). Mais outre le côté économique de la chose, qui d’ailleurs reste à vérifier, il est temps de se plancher sur le côté politique de la rencontre. Si chacun des chefs d’Etat participant à sa petite idée dans la tête, ce n’est pas le président togolais qui serait le saint. Le sommet Russie Afrique, il y a le visible mais aussi les non-dits. Il y a les évidences et les analyses.

La Russie de retour… 

Très longtemps effacée de la scène, la Russie après s’être imposée en Europe, veut s’attaquer à l’Afrique, et ce, par tous les moyens. Et cela fait visiblement craindre. De l’URSS à la Russie actuelle, Il n’est un secret pour personne que le régime est totalitaire pour ne pas dire dictatorial. C’est le président ou rien, Poutine est le seul maitre. Et dans cette logique, il compte emmener d’autres dirigeants, surtout africains. Les présidents africains, la plupart étant des accros au pouvoir pourraient facilement se faire enrôler par la Russie de Poutine qui se donnerait le plaisir de les porter sur ses ailes. Il y en a qui n’ont aucune intention de quitter le pouvoir, et pour ça, ils sont capables de tout. Et si dans ce cas, on pourra compter sur une force externe ou étrangère de la trempe de la Russie, ce serait l’ouverture du boulevard pour les mandats illimités. La présence de la Russie en Afrique représente un risque et la France le sait : ‘’l’influence grandissante de la Russie dans un pays d’Afrique francophone, pré carré de la France, inquiète Paris. « Il y a eu un certain effet d’optique ces derniers mois avec l’apparition d’une présence russe en Afrique francophone à laquelle on n’était pas habitué, explique Igor Delanoë, Directeur-adjoint, Observatoire franco-russe. « Moscou a profité d’une brèche ouverte en 2017 par l’allègement de l’embargo décidé par l’ONU [contre la Centrafrique] pour mettre un pied là où elle avait déjà une forme de présence », a détaillé Arnaud Kalika, spécialiste de l’Afrique.Des dictatures africaines ont déjà ouvertement le soutien de la Russie, et le cas du Togo ne pourrait être écarté.

Poutine et le 4ème  mandat de Faure Gnassingbé…

S’il y a un sujet qui divise l’opinion depuis un moment, c’est sans doute la question politique, notamment celle liée à un quatrième mandat de Faure Gnassingbé à la tête du Togo.Et sur ce sujet, même les puissances comme la France ne s’est pas encore prononcée puisque dans les pays francophones, l’histoire a fini par montrer que c’est la France qui choisit les dirigeants. La France pour peut-être faire semblant de satisfaire le peuple togolais tout en protégeant ses intérêts, peut demander à UNIR de présenter un autre candidat que  Faure Gnassingbé.  Mais, avec l’ivresse du pouvoir dont fait preuve le locataire du palais de la marina, doublé de la présence de la Russie qui inquiète la France, les donnes risquent de changer.Qu’est-ce que cela donnerait si on veut faire une petite réflexion sur le Togo. Aujourd’hui, le destin politique de Faure Gnassingbé est dans les mains de la France. Et selon des analystes, le président togolais, dans le but d’assouvir sa gourmandise pour le pouvoir, peut s’offrir les garanties de la Russie de Poutine si jamais la France change de langage. Les scénarios possibles…, soit la France joue avec Faure Gnassingbé et garde ses intérêts qui sont au même moment menacé par la Russie, une chose qui sera visiblement difficile puisque cela risque de ne pas durer et la France perdra tout au profit de la Russie.  Soit la France montre son refus catégorique pour un quatrième mandat tout en protégeant  aussi ses intérêts et soutenir un candidat de l’opposition. Ou le troisième scénario,  s’y prendre tôt pour couper l’herbe sous les pieds de Faure Gnassingbé.Dans toutes les situations, il risque de se poser une question de rapport de force entre la France et la Russie.

La Russie veut des territoires, et le Togo ne sera pas son 1er .Pour exemple, en janvier 2019, lors d’un discours officiel, Alexandre Bregadzé, ancien ambassadeur de la Russie en Guinée-Conakry, a soutenu ouvertement le projet de révision de la Constitution qui pourrait permettre à Alpha Condé de se représenter pour un troisième mandat. « Les Constitutions ne sont ni des dogmes, ni la Bible, ni le Coran. Elles s’adaptent à la réalité. Nous vous soutenons, Monsieur le président, la Guinée a besoin de vous », avait-il déclaré. Si la Russie soutient Alpha Condé dans cette forfaiture, rien ne pourra l’empêcher au Togo. Faure Gnassingbé a besoin de soutien, et si ça proviendrait de la Russie, il ne peut que dire ‘’благодаря путину’’ (merci à  Poutine).Mais, même si la Russie peut garantir un quatrième  mandat à Faure Gnassingbé, c’est sans compter avec la détermination et une aspiration d’une jeunesse africaine plus favorable aux alternances et aux valeurs démocratiques. La Russie en a déjà fait les frais au Soudan avec le renversement d’Omar el-Béchir pourtant proche de Moscou. Et la jeunesse togolaise en est une puisqu’elle développe de plus en plus l’idée d’une alternance à la tête du pays.En clair, la France peut proposer, la Russie peut reproposer, mais c’est le peuple qui décide. Le quatrième mandat de Faure Gnassingbé, c’est le peuple qui décidera, même s’il se joue entre la France et la Russie.

 

Richard AZIAGUE

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