ANC : Conseil national sur fond de conflit de générations

Les blessures étaient profondes. Il faut donc penser à les panser et repartir sur de nouvelles bases. L’Alliance Nationale pour le Changement a tenu le 10 octobre 2020, un Conseil National qui coïncida avec son dixième anniversaire. De la politique au social en passant par la sécurité ; du plan national au plan international, nombreux sont les sujets qui étaient au menu des discussions à l’orée de ce premier Conseil National du parti politique ANC. Les premiers responsables du parti étaient face à la presse pour présenter les principales conclusions des travaux.

Quelques jours après la tenue du Conseil National de l’ANC, les responsables du parti ont rencontré et présenté aux professionnels des médias le 14 Octobre dernier, les grandes conclusions issues du Conseil National organisé le 10 octobre dernier à l’occasion de sa rentrée politique. Cet événement politique s’est déroulé au Foyer du Cinquantenaire de l’Eglise Evangélique Presbytérienne du Togo, à la Paroisse de Nyékonakpoè  à Lomé. Placé sous le thème « Poursuivre la lutte avec rigueur et dans la vérité », ce Conseil National intervient dans un climat politique morose où il faut pour les forces démocratiques, tirer des leçons du passé et d’amorcer autrement la lutte pour l’avènement de la démocratie et de l’État de droit au Togo. C’est aussi l’occasion pour les responsables dudit parti de poser et d’échanger sur la problématique de la refondation de leur parti.

Les échanges ont abouti sur plusieurs conclusions dont les plus capitales, sont entre autres la remobilisation des populations en vue de la réalisation consensuelle des réformes politiques et électorales susceptibles d’ouvrir la voie à l’alternance et au changement démocratiques. Il est aussi question de la recherche d’une synergie d’action avec des partenaires politiques « responsables et sérieux», et particulièrement une reprise des activités des organes centraux et des structures fédérales.  La reprise des tournées nationales que le Bureau National du parti effectuait était aussi un point saillant de la rencontre avec la presse.

D’intenses débats à huis clos, des discussions houleuses, des heures d’échanges jusque tard dans la nuit, ce Conseil aura été au rendez-vous de toutes les attentes des responsables de cette formation politique et des délégués du parti venus de toutes les fédérations de l’ANC installées sur l’étendue du territoire national. Des motions, des résolutions, des recommandations  et une déclaration finale ont soldé ce Conseil.

Sans doute la situation politique du pays est l’un des éléments essentiels au tour duquel les débats se sont tournés. Sans s’attarder sur les événements politiques derniers qui ont entaché l’image du parti et même son existence, de grandes résolutions ont été prises pour sauver l’ANC et se relancer dans la lutte pour l’avènement de l’alternance au sommet du Togo.

Pour la survie du parti plusieurs propositions ont été faites, il est décidé que l’ANC ne fasse plus partie d’une quelconque coalition de partis de l’opposition. S’agissant des élections, le Conseil a décidé que l’ANC ne boycotte plus aucun scrutin. Ces deux premières résolutions ont essuyé des critiques acerbes de certains analystes politiques. Pour certains, l’ANC ne peut donc pas refuser au peuple assoiffé de l’alternance de voir les forces démocratiques s’unir lors d’une consultation électorale. Pour d’autres, en décidant de ne plus boycotter une élection, l’ANC fait le jeu du pouvoir et l’encourage à organiser les élections dans des conditions peu orthodoxes.

Alliance Togo Informatique

D’autres propositions ont été également faites entre autres l’installation des antennes de la cellule communication dans les fédérations et  que ces dernières soient dotées de siège visible. Les membres du Bureau National sont ensuite exhortés à faire des visites inopinées dans les fédérations. Les propositions sont également faites quant à la cotisation pour le parti. Avec les nouvelles technologies de l’informatique et de la communication, les réseaux sociaux sont incontournables dans la vie d’un parti politique. Une résolution a été prise en ce sens. La communication sur les réseaux sociaux sera désormais prise en charge par le parti. Il est demandé qu’un plan d’accueil et d’adhésion de jeunes cadres et de personnes ressources motivées soit élaboré et mis en œuvre. Pour finir, il est demandé qu’une instance de règlement des conflits soit créée, chose indispensable pour un parti politique qui tient à son unité.

Le Conseil National n’a pas passé inaperçu l’imminence de la rentrée scolaire qui se prépare dans un contexte délicat de crise sanitaire. Le Conseil a recommandé donc au gouvernement togolais de proposer un véritable plan de relance des activités scolaires en mettant à la disposition de l’ensemble des apprenants des masques tout au long de l’année scolaire en vue d’aider les parents d’élèves et aussi d’accéder aux revendications des enseignants.

A l’international, le Conseil a apporté son soutien aux autres peuples en lutte pour les mêmes causes. Dans le temps, il a interpellé la Communauté internationale en l’occurrence l’ONU, l’UE, l’OUA, l’OIF, à œuvrer pour l’enracinement de la démocratie surtout dans les pays en difficulté en s’impliquant encore plus dans les processus électoraux des pays africains et particulièrement au Togo à travers une assistance aux plans technique, financier et sécuritaire, et par un déploiement d’observateurs civils et militaires.

Au-delà de tout, le Conseil a réitéré son soutien au président du parti Jean Pierre Fabre et l’encourage à demander et obtenir un dialogue sincère et franc avec le régime. Prenant la parole, le président du parti s’est montré satisfait de la tenue de ce Conseil et des débats entretenus. « Je veillerai personnellement à ce que le Bureau National assure une mise en œuvre effective des conclusions de nos travaux », s’est-il engagé.

Comme le dira un haut responsable du parti, l’ANC revient de très loin. Saura-t-il se reformer sinon se refondre totalement à base de ces recommandations et conclusions? Difficile de le prédire. Mais une chose est sure ce parti a perdu sa place d’antan sur la scène politique togolaise. Au lieu d’avancer vers le fauteuil présidentiel, il a plutôt fait un bond en arrière. L’analyse des précédentes consultations électorales le prouvent à suffisance.

Il faudra vraiment de nouvelles orientations, d’une nouvelle énergie et d’une gouvernance interne efficace pour que ce parti puisse renaître de ses cendres et afin qu’il puisse reprendre sa place dans la lutte pour faire du Togo un État démocratique et prospère.

C’est ce qui a suscité un débat houleux ou la jeunesse du parti veut émerger et demande à la vieille garde de courber l’échine. Un débat qui a secoué le conseil et reste à mûrir pour la résistance d’un parti qui ne démérite pas dans la lutte pour la démocratie et l’alternance au Togo.

Amos DAYISSO